Le 25 juin, lors de l’Assemblée générale du Comité Français pour la Solidarité Internationale (CFSI), un débat a été organisé avec ses  organisations membres et ses partenaires pour réfléchir à l’avenir des coopérations internationales entre sociétés civiles et collectivités. Ce temps de discussion a questionné les modalités d’action et les ambitions des organisations de la société civile (OSC).

Les OSC font face à divers obstacles, tels que le rétrécissement des espaces de dialogue, la remise en cause de la liberté d’association par des lois restrictives et la rupture des relations de coopération entre certains pays, notamment entre la France et le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Malgré ces défis, les OSC et les collectivités locales continuent de promouvoir la coopération internationale et de répondre aux défis des solidarités, favorisant des territoires de bien-vivre et des mises en relation propices à la paix. En France, le contexte politique suscite des incertitudes concernant la solidarité internationale.

Trois intervenants ont pris la parole et échangé avec les participants :

Un représentant de l’ONG brésilienne « Justiça nos Trilhos », a exposé les impacts dévastateurs de l’exploitation minière et de l’agro-industrie sur les communautés amazoniennes. Il a décrit comment plus de 100 communautés sont affectées par l’exploitation des mines. Ainsi, un gigantesque chemin de fer transportant du minerai de fer exporté vers la Chine pour fabriquer par exemple les batteries que nous utilisons en Europe, fait trembler les maisons, provoque des accidents mortels. L’exploitation des mines, ce sont aussi des violations des droits humains par des entreprises transnationales telles que le géant du fer brésilien Vale dont le siège est maintenant en Suisse. L’association a appelé à une coopération internationale pour responsabiliser ces entreprises et soutenir des pratiques de consommation plus durables et éthiques, soulignant l’interconnexion des luttes pour un monde meilleur.

Facinet Sylla, coordinateur pays en Guinée de l’association Guinée 44, a dénoncé les conditions désastreuses de l’exploitation minière en Guinée, en particulier le gigantesque projet Simandou, en lien avec cette même entreprise, Vale. Ce projet dévaste des montagnes, des forêts et des sites culturels, affectant les populations expropriées et des parcs naturels qui abritent des espèces animales protégées. Facinet Sylla a souligné l’importance de la transparence, du partage des bénéfices de cette exploitation avec les populations locales et de la gestion durable de ces activités. Il a également partagé son expérience personnelle de lutte contre une expropriation inéquitable de ses terres. Il a insisté sur la nécessité de partenariats fondés sur les besoins réels des populations locales. « Ne nous aidez pas mais appuyez-nous », a-t-il déclaré, critiquant les aides externes mal ciblées. Aussi, il a dénoncé le paradoxe de l’aide publique au développement (APD), qui refuse d’aider certains pays considérés comme non démocratiques, tout en soutenant des gouvernements pouvant être qualifiés de dictature par les populations de ces pays.

Niagalé Bagayoko, docteure en sciences politiques, a présenté une analyse de la gouvernance et la géopolitique en Afrique de l’Ouest. Elle a critiqué l’approche militaire parfois inappropriée de la France face aux insurrections politiques et a appelé à une compréhension plus nuancée des enjeux sécuritaires spécifiques à chacun des pays. Elle poursuit en soulignant l’importance des sociétés civiles, diversifiées et polarisées : une société civile gestionnaire, capable de gérer des fonds internationaux avec transparence, une société civile citoyenne libérale, souvent réprimée, et une société civile panafricaine, nationaliste et patriote. Cette dernière est particulièrement active, dénonçant l’ingérence étrangère et prônant la fierté nationale. Les acteurs africains, loin d’être des marionnettes, nouent des partenariats stratégiques avec des pays non occidentaux depuis plusieurs décennies déjà.  

Les instruments de coopération internationale, souvent rigides et imposés, sont critiqués pour leur inefficacité et leur déconnexion des réalités locales (exemple de lignes directrices appliquées à tout un ensemble de pays). Elle déplore que les outils de gestion de projets (cadre logique, approche orientée changement) soient chronophages et incapables de rendre compte de l’efficacité réelle des actions menées. Niagalé Bagayoko a appelé à une inversion des regards, une réorganisation des échanges pour mettre fin au néo-colonialisme persistant. Face au rejet des ONG internationales, elle invite ces dernières à se mettre dans une position d’apprentissage des réalités africaines et à promouvoir les droits humains à travers des valeurs culturelles locales, notamment en s’adaptant aux langues locales, à leur mode de pensée et en respectant la diversité des contextes internes. 

Les discussions qui ont suivi ces interventions ont mis en évidence les multiples défis auxquels sont confrontées les populations locales et les OSC, ainsi que l’idéalisation que l’on se fait des différentes catégories de sociétés civiles. Des questionnements ont émergé parmi les membres du CFSI, sur le rôle des diasporas, sur le  métissage des populations, sur la place de la jeunesse dans ces échanges, sur nos modes de consommation, ou encore sur la remise en cause du modèle capitaliste. Les acteurs des OSC doivent repenser les échanges sur les enjeux planétaires partagés et les biens communs, dans un contexte de rejets réciproques alors même que cette perception des biens communs ne fait pas forcément l’unanimité.

Le débat a permis de repositionner les intérêts des acteurs de la solidarité internationale, en insistant sur la nécessité de partenariats fondés sur les besoins exprimés par les populations locales, vivant sur le terrain et surtout en prenant en compte les réalités socio-culturelles et les dynamiques de gouvernance.

En faisant votre don, n'oubliez pas les avantages fiscaux !

Dans les 3 semaines suivant la réception de votre don, le CFSI vous fera parvenir un reçu fiscal. Si vous êtes imposable, il vous permettra de bénéficier d’une réduction d’impôt.

Particuliers

66 % du montant de vos dons sont déductibles de votre impôt sur le revenu dans la limite de 20 % de votre revenu net imposable
(au-delà, report sur les 5 années suivantes).
Ainsi, un don de 50 € vous coûte en réalité 17 €.

Entreprises

Vos dons vous offrent une réduction d’impôt sur les sociétés de 60 % de leur montant dans la limite de 10 000 euros ou de 0.5 % du CA. H.T.
Au-delà de ce plafond ou en cas de déficit, un report est possible sur les 5 exercices suivants.