En octobre 2018, la Commission européenne a décidé de financer le projet du Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) visant à accroître les parts de marché des produits laitiers français dans 4 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, la première cible étant le Sénégal.
Pour élaborer ce projet, le Cniel a piloté une étude pour chaque pays, réalisées par 2 organismes publics français : Business France et FranceAgriMer. A aucun moment l’impact de la promotion des produits français sur l’agriculture des pays ciblés n’est évoqué, pas plus qu’une concertation avec les représentants de la filière lait local. Au contraire, l’étude « potentiel des produits laitiers français au Sénégal » (juin 2018) considère comme une menace tout ce qui relève du développement de la filière lait local (partie 4.1 du rapport : analyse « SWOT »).
Si ce rapport reconnaît les réalisations et capacités de la filière lait local au Sénégal, celles-ci sont entravées sur un marché local en plein développement, à cause de la concurrence des produits européens importés. Ce rapport est donc surtout une illustration de l’incohérence avec le développement de certains financements de la Commission, dans le cadre de sa politique de promotion agricole : les politiques européennes doivent contribuer ou, au moins, ne pas nuire au développement des pays du Sud.
Les acteurs de la filière lait local du Burkina Faso, du Mali, de Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad se sont regroupés au sein de la campagne Mon lait est local et sont soutenus en Europe par la campagne N’exportons pas nos problèmes afin de formuler un certain nombre de recommandations pour que les exportations européennes ne viennent en aucun cas nuire au développement de la filière lait locale.
Afin de faire suite au projet du Cniel, le CFSI a coordonné la réponse des 2 campagnes à la consultation de la Commission européenne sur sa politique de promotion agricole. Cette contribution a été soutenue par 24 organisations françaises dont 10 membres du CFSI.