Du riz local pour nourrir les villes en Guinée : interview de Floriane Thouillot, chef de projet à Conakry

Du riz local pour nourrir les villes en Guinée : interview de Floriane Thouillot

La Guinée est un des principaux pays rizicole d’Afrique mais ne parvient pas à couvrir les besoins de sa population dont le riz est la nourriture de base. Les importations s’élevaient encore en 2010 à 300 000 tonnes pour une consommation annuelle de près d’1 million de tonnes. Floriane Thouillot est chef de projet à Conakry pour le Gret, membre du CFSI, qui appuie avec la MGE la structuration de la filière riz.
Pourquoi appuyer la filière riz en Guinée Conakry ?
Tous les guinéens préfèrent le riz local car il est étuvé, contrairement au riz importé [on commence à en trouver étuvé aujourd'hui]. L’étuvage est une technique de pré-cuisson qui permet au riz de conserver l’essentiel de sa valeur nutritive. Malgré un prix plus élevé, il n’y a pas d’invendu et il existe encore un potentiel d’accroissement de son marché. De plus, les opérations d’étuvage sont une source de revenu non négligeable pour les femmes guinéennes.
Avez-vous une stratégie particulière ?
Nous travaillons sur l'intégralité de la filière, nous sommes un des seuls projets à donner un appui à l’ensemble des acteurs. Nous avons concentré beaucoup d’efforts sur l’aval, qui n’était jusque-là pas ou peu reconnu, pas considéré et écarté des discussions en Guinée. Le fait d’avoir donné du poids aux acteurs de la transformation est fondamental et nous sommes très heureux de la création de deux fédérations de riziers, constitués d’étuveuses et de décortiqueurs.
Ce rééquilibrage se fait-il en faveur des femmes ?
D’un point de vue économique, la fédération des riziers est clairement aux mains des femmes – c'est même une présidente qui est à sa tête – car ce sont elles qui ont la part d’activité la plus importante au sein du secteur aval. En effet, elles collectent le riz auprès des producteurs, et sous-traitent ensuite le décorticage. C’est enfin elles qui vendent aux commerçants. Elles ont donc un rôle fondamental au sein de la chaîne, rôle qui leur donne, de fait, un poids décisionnel important.
Quel est votre principal atout ?
Nous avons été précurseurs dans l’animation de la concertation au sein des filières. Or, avoir une réflexion concertée est un atout important quand on travaille à l’appui des filières locales. Désormais, on peut voir qu’un lien de confiance s’est installé entre les acteurs. Les relations sont de plus en plus fidélisées entre les étuveuses et les grossistes par exemple, ce qui permet de mieux acheminer le riz vers les villes. Nous aimerions aller jusqu’à la mise en place d’accords interprofessionnels mais c’est un processus long.
Lire l'intégralité de l'entretien avec Floriane Thouillot [340ko.pdf]
Propos recueillis en août 2012 par Mathilde Leclerc (CFSI), édités en août 2013 par Justine Mounet (CFSI). 
Ce projet fait partie des initiatives soutenues dans le cadre du programme « Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest » porté par la Fondation de France et le CFSI. Le CFSI a attribué 30 000 € pour mener à bien ce projet. Votre soutien est indispensable !

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