Au Congo Brazzaville : défendre les droits des personnes vivant avec le VIH
Au Congo Brazzaville, le nombre de personnes infectées par le virus du sida est évalué à 5 % de la population (2016).
Cela concerne une personne sur 10 à Pointe-Noire. Les conditions de vie précaires qui entraînent les jeunes filles dans la prostitution, les mouvements de population provoqués par des conflits armés ou l’existence d’industries extractives attirant bon nombre de travailleurs sont des facteurs aggravants.
Malgré la gratuité de la prise en charge depuis 2008 et la promulgation d’une loi en 2011 de « lutte contre le VIH et le sida, et pour la protection des droits des personnes vivant avec le VIH », les discriminations restent le lot commun des personnes diagnostiquées. Depuis 2013, le système de santé subit régulièrement des ruptures d’approvisionnement, notamment des antirétroviraux pour les adultes (de 2014 à 2017 on évalue le cumul des ruptures de soins a 32 mois) ; sans compter le manque de suivi nutritionnel et de suivi psychologique adaptés (parents dont les enfants sont atteints, couples séro-discordants…).
Les conséquences vont bien au-delà de la propagation de l’épidémie : la maladie est souvent synonyme d’isolement social pour le patient. L’irrégularité des traitements entraîne la résistance aux antirétroviraux et l’augmentation de la mortalité.
Ce projet porté par l’Association Don de Vie pour une Œuvre de Réveil des Cœurs d’Aide et de Solidarité (AERC) et ses partenaires, soutenu par l’Union européenne dans le cadre de son instrument pour la démocratie et les droits de l’homme, a pour objectif de sensibiliser les malades, les soignants, les pouvoirs publics et plus généralement la population, aux droits des personnes porteuses du VIH et aux modalités de prévention et de prise en charge.
Pendant 6 mois, plusieurs campagnes de communication ont été menées à Dolisie, troisième ville du pays : auprès des responsables du département et des hôpitaux Général de Dolisie et régional des armées de Dolisie ; auprès des communautés chrétienne et musulmane via des interventions dans les lieux religieux ; auprès des populations via des spots radios sur Radio Mayombe Ndinga ya katolika ; auprès des associatifs accompagnant les malades pour notamment leurs faire connaître les recours juridiques en cas de discrimination.
Des groupes de parole ont été animés à destination des malades : afin d’alléger le sentiment de honte, de constater qu’on peut être atteint du VIH et prendre soin de soi (se coiffer, s’habiller, ne pas se négliger)…
Pour Euphrasie BILILOU GOMA (Présidente) de l’AERC (OSC qui implique des personnes vivant avec le VIH) :« Ce projet est salvateur pour les personnes vivant avec le VIH. Leurs droits ne sont guère respectés par les pouvoirs publics. Il va falloir intensifier les groupes de parole pour que les personnes atteintes puissent connaître et maîtriser l’étendue de la loi. Les ruptures intempestives et l’insouciance des pouvoirs publics directement impliqués pour améliorer la cadence d’approvisionnement en médicament, sont un exemple probant du non-respect de cette loi. Le SIDA n’est pas une fatalité, c’est une maladie comme une autre ».
Et la suite ? À Mayoko, à Mbinda, à Divenié, à Kibangou, à NGoua II, et dans bien d’autres centres de santé publics et privés, la transmission de la maladie se fait par les transfusions sanguines et les interventions chirurgicales, comme les césariennes. À Mossendjo, l’unité de prise en charge des personnes vivant avec le VIH n’existe plus. Pour redonner espoir aux malades, il va falloir restaurer ces unités et implanter les postes de transfusion sanguine respectant les normes et protocoles.
Ce projet est réalisé par des OSC membres du PCPA Congo, programme cofinancé par l’Agence Française de Développement et les donateurs du CFSI. Pour que ce projet se poursuive, nous avons besoin de votre soutien ! Faites un don.