Au Congo-Brazzaville, mobilisation pour les droits des femmes à Madingou
Avec une population de presque 63 000 habitants, la ville de Madingou est en pleine croissance démographique depuis une vingtaine d’années. L’âge médian y est de 18 ans. Parmi les catégories de population défavorisées, les jeunes filles mères et les femmes veuves sont particulièrement livrées à elles-mêmes.
Quand elles sont issues de familles pauvres, il n’est pas rare que les jeunes filles aient recours à la prostitution afin de subvenir aux besoins du nouveau-né. Les femmes veuves sont victimes de pratiques ancestrales dégradantes, comme le lévirat, qui les force à se marier avec l’un des frères du conjoint défunt (voir notre article ici) ou encore à quitter le domicile conjugal sans ressources. Si des lois nationales existent afin de protéger les droits de ces femmes, elles sont malheureusement méconnues des victimes et des services sociaux, dont les maisons de quartier.
L’Association Femme et Emancipation et l’Association des Veuves de Madingou ont lancé un projet d’accompagnement de 100 jeunes filles mères et 100 femmes veuves en partenariat avec la Direction départementale de l’Intégration de la Femme au Développement de la Bouenza et la Circonscription Action sociale de Madingou.
Les participantes ont bénéficié d’une éducation sexuelle et d’une sensibilisation à la connaissance de leurs droits. L’accent est également mis sur leur insertion socio-économique. Elles sont accompagnées et soutenues dans le choix et la création de micro-activités commerciales ou artisanales. Un champ de manioc et d’arachide est en cours d’aménagement à cet effet à Madingou.
Les pouvoirs publics, dont notamment la Mairie de Madingou, apportent leur soutien actif en faveur d’actions de sensibilisation auprès des populations cibles afin d’encourager l’application de la loi et d’interdire la maltraitance des veuves et les filles mères dans le département. Ils participent également à l’équipement en matériel d’apprentissage des activités de formation. Ponctuellement, certaines femmes victimes de violences sont orientées vers les affaires sociales et le département des droits humains.
Il reste encore beaucoup à faire ! Des traductions en langue locale des modules de formation sont en cours afin de diffuser la connaissance plus facilement à 32 chefs de quartiers. L’association s’est engagée à accompagner les femmes au-delà de la fin du projet dans la mise en pratique des formations reçues et de les amener à se structurer en groupement et coopérative de travail.