Au Burkina Faso : la commande publique au secours du consommer local
Le Burkina Faso fait partie des pays les plus pauvres au monde. Malgré les interventions du Gouvernement et des campagnes agricoles plutôt favorables, la population fait face à des taux de malnutrition élevés. Paradoxalement, les producteurs agricoles sont les premiers touchés par la pauvreté. Par manque de moyens humains et financiers pour assurer la qualité des produits, la livraison et le stockage, ils peinent à trouver des débouchés. Ce faisant, ils ne peuvent ni s’affranchir des intermédiaires, ni lutter contre la concurrence des produits importés à bas coûts.
Ce projet mené par la Confédération paysanne du Faso et Acting for Life démontre la capacité des marchés institutionnels à développer les revenus des paysans. Malgré un contexte difficile : fermeture des écoles pendant la crise sanitaire et limitation des déplacements due aux attaques meurtrières qui ont visées les communes d’intervention d’Ouo, Mangodara et Sidéradougou, les résultats sont très encourageants.
Des ateliers de mise en réseau et d’accompagnement à la contractualisation ont permis la conclusion de 10 partenariats entre producteurs et transformateurs de la région des Cascades pour la réponse aux commandes publiques. Des formations aux normes d’hygiènes et de qualité et des investissements en matériel de transformation et de stockage sont venus renforcer la capacité de production des organisations paysannes. Elles ont ainsi pu obtenir 11 nouveaux marchés publics sur la période, pour un total de 1 000 tonnes de riz et de farine infantile livrés.
Un répertoire des organisations paysannes a été distribué aux institutions pour la passation de leurs prochaines commandes. Ainsi, 13 d’entre elles se sont engagées à se fournir auprès d’eux en maïs, riz et niébé pour l’alimentation de leurs cantines scolaires, hôpitaux, ou encore événements grands publics. Enfin, 5 000 élèves ainsi qu’une trentaine d’élus locaux et nationaux ont été sensibilisés au droit à l’alimentation et à la nécessité de consommer sain et local.
Ladji OUATTARA, responsable formation pour la réinsertion des anciens détenus de la maison d’arrêt et de correction de Banfora témoigne : « Grâce à l’atelier de mise en application de la commande institutionnelle de produits agricoles, nous avons pu faire connaissance avec les organisations paysannes de la région et leur expliquer les modalités d’approvisionnement de la maison d’arrêt. Nous avons commandé près de 20 tonnes de riz et de niébé pour le personnel de la maison d’arrêt du palais de justice et facilité la mise en relation avec un opérateur privé pour 40 tonnes de maïs. »
Habibata BELEM, présidente de la coopérative Wend Panga, commune de Sidéradougou : « Je pense qu’il faut revoir le système de fonctionnement des cantines scolaires. Non seulement elles ne sont ouvertes que 2 à 3 mois par an sur les 7 mois de l’année scolaire, mais en plus, les élèves n’y consomment que du riz ou du niébé. Or, les rations devraient être au moins supplémentées avec de l’attiéké, du couscous de maïs, du lait et des mangues, pour assurer une qualité nutritionnelle correcte aux enfants.
Si on veut assurer notre sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’Etat doit penser à une politique d’appui aux producteurs et transformateurs. L’agriculture est le moteur de l’économie du Burkina, il faut travailler à développer les productions, ce qui aura pour conséquences le développement des économies locales, l’amélioration des conditions de vie de la population et le développement des collectivités locales. » Ce projet vous a plu ? Pour que nos actions continuent et se développent, faites un don.
crédits photos : Martin Demay pour Acting for Life