Au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal, le lait local menacé

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« Les exportations européennes à bas prix de poudre de lait écrémé vers l’Afrique ont presque quadruplé depuis 10 ans. Cette concurrence déloyale empêche les éleveurs ouest ­africains de vendre leur lait à un prix rémunérateur leur permettant de sortir de la pauvreté. »
Pascal Erard, responsable plaidoyer CFSI

Depuis 15 ans, le CFSI soutient la filière lait local ouest ­africaine, par ses actions de plaidoyer, en se faisant le relais de campagnes en France, et par le biais de son programme Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest (Pafao).
La pandémie Covid-19 provoque une grave crise laitière en Europe, avec un effondrement des prix du lait. Si les volumes de production ne sont pas maîtrisés, la surproduction européenne risque bientôt d’inonder les pays africains, aggravant la menace qui pèse sur des filières locales déjà fragilisées. Le CFSI et ses partenaires craignent les effets négatifs sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la région.

Au Mali, en raison d’une baisse du pouvoir d’achat, les consommateurs privilégient les céréales et délaissent le lait local

Depuis septembre 2018, l’organisation malienne ICD (Initiatives – Conseils – Développement) soutient 4 mini laiteries. Lait, beurre clarifié (ghee) et fromage peulh Wagashi sont vendus au marché en petites doses afin d’être accessibles à toutes les bourses.

« Si les gens n’ont même plus les moyens de se procurer ne serait­-ce que des céréales, cela aura un impact sur la filière lait car ils vont se focaliser sur leur alimentation de base. Certaines unités de transformation laitière ont du mal à écouler leur production depuis que la crise a commencé ».
Mahamoud Sow, ICD. 

Au Sénégal, les éleveurs obligés de vendre à perte

De 2017 à 2019, le Gret, membre du CFSI, a soutenu avec l’Apess 40 projets collectifs portés par 600 familles d’éleveurs. La collecte en lait local a triplé et les femmes représentent aujourd’hui prés de 40 % des bénéficiaires directs.

« Les marchés de bétail ont un fonctionnement réduit et il n’y a plus de transport inter-régions. Les éleveurs ne sont plus reliés aux grands centres urbains et ils n’ont pas de revenus pour constituer des réserves alimentaires. Ils sont obligés de troquer ou de revendre à moitié prix leur production ».
Adja Sene, Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en savane (Apess).

Au Burkina Faso : la crise Covid-19 ne doit pas mettre fin aux projets en cours !

Depuis novembre 2019, l’Association bretonne d’aide directe à l’Afrique sub­saharienne (Abadas) et l’Union nationale des mini laiteries et producteurs de lait local du Burkina – constituée pour 80 % de femmes – animent un projet d’appui à 5 mini laiteries de la région du Centre Ouest. 250 familles d’éleveurs se sont groupées pour augmenter la production, diversifier les produits et sécuriser les débouchés. Il est prévu d’équiper les laiteries de matériel, de former les actrices et acteurs de la filière et de mettre en place une charte qualité. Ce projet a été mis à l’arrêt pendant toute la période de confinement.

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