Fermeture des restaurants, des cantines, de nombreux marchés en plein air, chutes des exportations… La crise sanitaire et les mesures nécessaires prises pour la combattre provoquent une grave crise laitière. La France croule sous le lait et le fromage. Certes, les ventes en circuits courts ont augmenté de même que les achats dans les supermarchés. Mais cela ne suffit pas et les cours du lait s’effondrent. Un exemple : le prix de la tonne de poudre de lait écrémé est passé de 2 200 € à 2 000 € durant la première semaine d’avril, alors qu’elle en valait 2 600 €, il y a 6 mois (source : Web-agri,10/04/2020).
La crise sanitaire ne fait qu’aggraver la situation d’une filière fragilisée par la fin des quotas laitiers européens en 2015. Ces quotas – même imparfaits – permettaient de réguler la production et de limiter les excédents. Les multinationales laitières européennes, qui convoitaient des marchés mondiaux supposés prometteurs, voulaient la fin des quotas pour disposer de plus de lait à exporter. Mais d’autres pays ont eu la même idée et les débouchés extérieurs tant espérés se sont révélés décevants.
Déjà, à l’époque, la surproduction avait provoqué un effondrement des cours et la ruine de nombreux éleveurs laitiers. Aujourd’hui, ils craignent qu’encore une fois « les producteurs soient la variable d’ajustement » et « les gagnants les industriels laitiers et la grande distribution » (source : Web-agri, 6/04/2020).
La Confédération paysanne « demande qu’une réduction obligatoire des volumes soit mise en place dès à présent car il y a urgence ». Elle s’inquiète en revanche de la constitution de « stocks publics et privés sous forme de beurre et de poudre. Cette solution (…) pénalise les éleveurs et éleveuses, car l’accumulation de stocks industriels se traduira par une chute du prix du lait à la ferme et ce, durant plusieurs mois voire plusieurs années après la crise » (source : Confédération paysanne, 3/04/2020). Le European Milk Board, qui regroupe des éleveurs laitiers dans 16 pays européens, privilégie également une réduction de la production, celle-ci devant être volontaire voire, si ce n’est pas suffisant, obligatoire. En complément, pour les raisons évoquées précédemment, l’EMB demande un plafonnement des stocks.
A terme, ces stocks devront être en partie exportés. Une bombe à retardement pour les producteurs de lait en Afrique de l’Ouest, également touchés par la crise sanitaire et ses conséquences, qui verraient – plus encore que par le passé – leurs productions concurrencées brutalement par des exportations européennes à bas prix.
Producteurs ouest-africains et européens partagent des intérêts communs. Le CFSI agit à leurs côtés en coordonnant, en France, la campagne « N’exportons pas nos problèmes ! ». Pour soutenir nos actions, faites un don.