Le lundi 13 novembre 2017, une dizaine de magasins Biocoop de l’agglomération parisienne s’est mobilisée pour organiser une projection du documentaire « Bientôt dans nos assiettes, de gré ou de force », sélection officielle du festival ALIMENTERRE 2017. La soirée, qui a eu lieu au cinéma Majestic Bastille, a réuni une centaine de personnes autour de Claude Gruffat, Président de Biocoop et Yves le Bars, Président du CFSI. Anne d’Orgeval, initiatrice du festival à sa création en 2007, a animé la soirée.
De nombreuses questions soulevées par le film ont été développées au cours du débat qui a suivi la projection.
Croire au bio pour nourrir la planète
Pour Claude Gruffat, l’agriculture industrielle se justifie grâce au mythe selon lequel, elle seule serait capable de nourrir une population mondiale qui devrait passer de 7 milliards aujourd’hui à 9 milliards en 2050. Il faut comprendre qu’au contraire, c’est l’agriculture biologique qui sera capable de nourrir le monde.
Les exploitations d'agriculture intensive coûtent cher : elles sont 6 fois plus aidées que leurs consœurs biologiques. Pour la France, les subventions directes de la politique agricole commune représentent 9 à 10 milliards d’euros par an. A cela il convient d’y ajouter les 40 milliards d’aides indirectes.
Dans son rapport sur le droit à l’alimentation en 2012, Olivier de Schutter, démontre la capacité de l’agroécologie à donner des rendements accrus tout en facilitant l’adaptation au réchauffement climatique.
Claude Gruffat effectue un calcul simple : si aujourd’hui 1 milliard de paysans cultivent encore à la houe sur des exploitations de 1 hectare, il suffirait qu’ils parviennent à multiplier leur production par deux, pour que la production totale supprime la faim dans le monde. Il insiste sur le fait qu’il faut arrêter la production, l’exportation massive et à bas coût des surplus alimentaires, responsable de l’extinction de l’agriculture paysanne et locale.
L’alimentation, un enjeu culturel
Claude Gruffat revient sur les enjeux portés par les accords de commerces internationaux, dont le CETA (accord économique et commercial global – prévu entre l'Union européenne et le Canada). Pour lui, deux cultures de l’alimentation s’affrontent. Aux Etats Unis, il n’y a pas de temps dédiés au repas. L’idée d’absorber « des calories » pour se nourrir supplante celle d’établir une relation culturelle avec un territoire.
Or, pour se nourrir conformément à sa culture, il faut pouvoir avoir accès aux ressources naturelles de son territoire. Voilà pourquoi, nous partageons des enjeux communs avec les pays du sud. Nos choix et nos actes ici ont un impact sur les conditions de vie et du maintien des cultures là-bas. L’accaparement des terres et des semences sont au cœur de la bataille du droit à l’alimentation. Les semences sont sensibles à la géographie, au climat, aux sols. C’est la raison pour laquelle il est si difficile de les réhabiliter une fois qu’elles ont été réduites à portion congrue du fait de la monoculture et du lobby des semenciers.