Les ODD comme fil directeur
Le rôle incontournable des entreprises dans le développement économique et social des territoires est aujourd’hui reconnu par de nombreux acteurs, privés comme publics. Ce rôle s’inscrit dans un contexte international de plus en plus connecté et interdépendant, qui pose la question de la globalisation des enjeux : dérèglement climatique, creusement des inégalités (sociales, économiques, territoriales…), évolutions démographiques (disparités entre le rural et l’urbain, évolutions des pyramides des âges, migrations etc.).
En réponse, les Objectifs du Développement Durable (ODD) adoptés en 2015 par l’ONU encouragent les partenariats pluri-acteurs entre pouvoirs publics, OSC et acteurs du secteur marchand pour atteindre 17 objectifs universels à l’horizon 2030.
En parallèle, la mise en place de politiques de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ou la mise en place de dispositifs dits de « social business » témoignent de démarches que des entreprises engagent pour être associées à l’idée de développement durable. Ces dispositifs reposent en effet sur une base volontaire (ne sont ni obligatoires ni contraignants sur le plan juridique) et se sont développés en réponse aux exigences des opinions publiques et des acteurs de la société civile sur la limitation des impacts sociaux et environnementaux de leurs activités. La conception du rôle des entreprises est effectivement en évolution : en France, la loi Hamon (2014) sur le secteur de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) et le projet de loi PACTE (2018) invitent à élargir la définition de l’objet social des entreprises pour y inclure des critères non-exclusivement économiques.
Une évolution des rôles dans l’animation de la solidarité internationale sur les territoires
Au-delà de leurs contributions financières (fondations, mécénat…), les entreprises tiennent un rôle croissant et diversifié aussi bien dans la définition que dans la mise en œuvre des programmes de solidarité internationale. Les acteurs du secteur marchand dans leur hétérogénéité sont également parties prenantes de programmes d’aide publique au développement, en tant que bailleur, partenaire ou bénéficiaire. De même, la part que tiennent aujourd’hui les fondations d’entreprise est essentielle à certains projets et au fonctionnement d’OSC. Sur les territoires, les liens entre entreprises et solidarité internationale s’illustrent entre autres par leur implication dans les Réseaux Régionaux Multi-Acteurs (RRMA) pour la coopération internationale et la solidarité, créés à l’initiative de Régions en France. L’animation de ces réseaux multi-acteurs a pour but d’améliorer la qualité des actions de solidarité internationale et de contribuer à l’ouverture à l’international des citoyens du territoire régional dans lequel ils sont ancrés, par une dynamique d’échanges et de concertation.
L’interpénétration des acteurs et des ressources entre OSC et acteurs du secteur marchand, en particulier avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), dans leur objet social, leurs discours et leur structuration, peut inciter à la concurrence mais aussi à la collaboration. Dans un tel contexte, tous les acteurs investis dans des actions de solidarité, locale comme internationale, sont incités à repenser leurs modalités d’action, leur objet et leurs fonctionnements. Par ailleurs, on voit apparaître de nouvelles formes de mobilisation citoyenne via les nouvelles technologies et le numérique, qui bousculent les modèles des mouvements sociaux et de l’engagement individuel.
Comme le rappelle Coordination Sud, les OSC tiennent en même temps un rôle essentiel dans le développement des territoires et la structuration du tissu économique local, en soutenant des TPE, PME, acteurs de l’économie informelle, coopératives agricoles… Elles ont pu être à l’origine d’innovations économiques aujourd’hui répandues, comme le microcrédit ou des initiatives d’ESS.
La naissance de nouvelles formes de partenariats pour dépasser la logique « Nord-Sud »
La prise de conscience de la globalisation des enjeux interroge les représentations usuelles des relations entre « pays du Nord » et « pays du Sud ». Alors que le paradigme de l’aide au développement du « Nord » vers le « Sud » fait débat, les acteurs de la solidarité internationale innovent et construisent de nouvelles formes de partenariats plus horizontales : on voit ainsi se multiplier des actions conjointes entre OSC sur leurs territoires d’action à l’international et en France et relier ces territoires. La progression du principe de réciprocité de l’action dans les projets de solidarité internationale et celle des mouvements de l’Education à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI) en France est aussi un marqueur de cette évolution. Il s’agit à la fois de sensibiliser les citoyens, les acteurs publics et privés de la pertinence de la solidarité internationale, mais aussi de démontrer que les projets des OSC à l’étranger ont un impact en France et sont souvent liés à des sujets qui concernent chacun d’entre nous, que l’on habite à Kayes, à Lille, à Montauban ou encore à El Salvador.
Le développement des territoires nécessite un dialogue et une co-construction impliquant l’ensemble des parties prenantes, notamment : OSC, collectivités territoriales, acteurs de la recherche et secteur marchand. Avec la baisse progressive des aides publiques et la crise économique qui conduit à une diminution des dons, les OSC voient leurs modèles économiques menacés. Elles doivent s’adapter à un environnement incertain et mouvant, parfois directement concurrencées pa les entreprises défendant des projets sociaux dans une logique de rentabilité.
Dans le cadre du programme Coopérer autrement en acteurs du changement, le CFSI a organisé un cycle de trois conférences sur le dialogue entre OSC et acteurs du secteur marchand en 2017. Il a mis en débat 3 questionnement majeurs pour les OSC et les membres du CFSI :
– s’adapter à des modèles conjuguant objectif économiques et objectifs sociaux ;
– définir un cadre éthique pour établir des relations avec les multinationales ;
– favoriser l’ancrage territorial en France des OSC de solidarité, nationale et internationale, en engageant un dialogue avec les entreprises et les collectivités du territoire.
De ces ateliers de réflexion ont émergé les principales conditions nécessaires à la réussite d’un partenariat pluri-acteurs, réunies dans les documents ci-après :
Document « Réussir les partenariats pluri-acteurs de territoire à territoire » [pdf.448Ko]
Synthèse n°1 – « Comment conjuguer logiques entrepreneuriales et solidarité internationale » [pdf.234Ko]
Synthèse n°2 – »Grandes entreprises et multinationales, les enjeux d’une alliance » [pdf.233Ko]
Synthèse n°3 -« Le pluri-acteurs pour le développement du territoire » [pdf.190Ko]