Durant l’été 2016, la Commission européenne a lourdement accru ses pressions pour que les pays africains ratifient des accords de partenariat économique. Mais qui peut croire qu’en instaurant une zone de libre-échange entre la zone la plus riche du monde et une des régions les plus pauvres, l’Union européenne favoriserait le développement de l’Afrique ? Comme le rappelait un ancien haut fonctionnaire de la Commission européenne : « 0n ne connaît historiquement aucun cas où un pays au stade précoce de son évolution économique se serait développé via son ouverture à la concurrence internationale. Le développement s’est toujours amorcé grâce à une certaine protection qu’on a pu diminuer au fur et à mesure que l’économie s’était suffisamment fortifiée pour affronter la concurrence extérieure ». Et si le protectionnisme cessait d’être un gros mot ?
La crise laitière que connait l’UE indique que l’ultra-libéralisme ruine les producteurs européens et pénalise des éleveurs africains concurrencés par les importations. A l’inverse, un protectionnisme intelligent, accompagné de politiques permettant de développer les filières laitières africaines, peut donner des résultats impressionnants, comme le montre l’exemple du Kenya. En 1999, le pays était largement dépendant des importations de poudre de lait. Le gouvernement décide alors de relever les droits de douane sur les importations de 25 à 60 % entre 1999 et 2004. Il a également mis en place une politique de soutien à la filière : aides aux producteurs, formation, appui à la commercialisation… Grâce à ce cocktail gagnant, la production laitière a augmenté de 84% entre 2000 et 2007. Mieux, ces dernières années, le Kenya est généralement autosuffisant et exporte. Une leçon à méditer…
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