Le 25 mai prochain, les citoyens seront appelés à élire leurs représentants au Parlement européen. A cette occasion, le CFSI se mobilise pour interpeller les candidats.
Le Parlement européen a vu ses pouvoirs croître considérablement ces dernières années, au point qu’aujourd’hui aucune décision majeure ou presque, ne peut être prise sans lui. Il est donc coresponsable des politiques, bonnes ou mauvaises, de l’Union européenne. Or certaines de ces politiques peuvent faire reculer ou au contraire aggraver la faim dans le monde.
Aujourd’hui, plus de 840 millions de personnes souffrent de la faim. Face à une telle situation, la politique européenne de développement donne une importance croissante à la sécurité alimentaire. L’UE a adopté une stratégie spécifique dans ce domaine[1] qui précise que : « L’aide de l’UE devrait se concentrer sur la production alimentaire durable à petite échelle, afin d’accroître la disponibilité alimentaire dans les pays en développement (PED) ».Cela va dans le bon sens même si il est possible de faire plus et mieux.
Mais d’autres politiques peuvent reprendre d’une main ce que l’UE donne de l’autre : politique de soutien aux agrocarburants, la politique agricole commune, les négociations en cours d’Accords de partenariat économiques (APE) entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique… sont autant de décisions qui nuisent ou menacent les agricultures familiales des pays en développement. Citons par exemple les APE qui vont contraindre les pays africains à baisser leurs protections commerciales face à des produits agricoles européens fortement subventionnés. Ce libre-échange entre une des zones les plus riches du monde et les pays les plus pauvres de la planète, est surtout la liberté du renard européen dans le poulailler africain. Les agricultures familiales africaines ont tout à perdre dans cette compétition inégale.
Un autre exemple, les agrocarburants, ces «biocarburants » pas très bios… D’ici 2020, 10 % des carburants utilisés dans les transports européens devraient être des agrocarburants. Il s’agit d’un objectif contraignant fixé par la directive sur les énergies renouvelables adoptée par l’Union européenne en 2009. Pour y parvenir, il faut importer une part importante de la matière première nécessaire. Les conséquences sont désastreuses pour les paysans du Sud. De 2009 à juillet 2013, des sociétés européennes ont obtenu 6 millions d’hectares de terres (deux fois la Belgique) en Afrique sub-saharienne pour produire des agrocarburants, souvent au détriment des agriculteurs familiaux et des éleveurs. C’est le cas actuellement à Ndiael (Sénégal). Dans 37 villages, 9 000 personnes vivent de l’élevage, dans une réserve naturelle protégée. Elles sont menacées par un investissement italien sur 20 000 hectares qui vise principalement à produire des agrocarburants destinés aux pays européens. Des villages seront déplacés, les éleveurs n’auront plus accès à leurs pâturages… Cette population risque donc de perdre les ressources qui lui permettent de vivre. Organisations paysannes et ONG sénégalaises sont mobilisées contre ce projet.
Pour améliorer la cohérence des politiques européennes avec le développement, le CFSI a coordonné et corédigé dans le cadre de Coordination Sud, un document d’analyse et de propositions destiné aux candidats aux élections européennes, intitulé : « contre la faim, soutenez les agricultures familiales du Sud »
Les principales demandes ont été reprises dans les 10 propositions de Coordination Sud, sur lesquelles l’Alternative UDI-MODEM, Europe Ecologie Les Verts, le Front de Gauche, le PS et l’UMP sont invités à se prononcer en répondant à un questionnaire. Les réponses et leur analyse sont disponibles sur le site de Coordination Sud. A consulter pour voter contre la faim !
[1] « Un cadre stratégique de l’UE pour aider les pays en développement à relever les défis liés à la sécurité alimentaire ». http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2010:0127:FIN:FR:DOC