Découvrez le numéro spécial d'Alternatives économiques, réalisé en partenariat avec le CFSI.
L’année 2013 a mis une fois de plus en évidence les dérèglements d’un système agroalimentaire mondialisé. A la confusion habituelle sur la provenance géographique des aliments, s’est ajouté cette année le scandale des plats cuisinés à base de viande de cheval, alors que l’étiquette mentionnait « boeuf ». Et au moment même où l’Europe entière dénonçait cette vaste fraude, la Commission européenne proposait la réintroduction des farines animales pour l’alimentation des animaux d’élevage. Ce manque de transparence et de cohérence est corrélé à une industrialisation croissante, « du champ à l’assiette », qui passe pour inéluctable.
Ailleurs dans le monde, le développement économique et l’émergence des classes moyennes poussent de même à l’industrialisation et à la mondialisation des systèmes agroalimentaires, alors que les crises induites par ces orientations ne font que se multiplier. De plus en plus nombreux sont les acteurs des sociétés africaines, asiatiques ou sud-américaines qui dénoncent un modèle où les paysans ne peuvent plus vivre de leur travail et où la population se nourrit d’importations massives à bas prix. Un modèle économique qui passe pour incontournable. Et pourtant…
Au Nord comme au Sud, des agriculteurs, des citoyens et des responsables locaux s’engagent dans des initiatives alliant production d’aliments de qualité et reconquête des marchés par une agriculture familiale durable. Ils démontrent ainsi que d’autres modèles de développement agricole sont viables, à des échelles plus ou moins grandes, et qu’une transition écologique et sociale est possible.
Ainsi, en Afrique de l’Ouest, les organisations paysannes se montrent très mobilisées par un enjeu majeur : promouvoir une agriculture familiale durable qui puisse nourrir les villes. Ceci suppose de relocaliser la production agricole et alimentaire au lieu de l’importer en masse et d’en améliorer la productivité tout en préservant les ressources naturelles.
Le mouvement vers une transition agricole et alimentaire ne consiste pas seulement à multiplier des alternatives éparses, à côté du modèle actuel. Il nourrit la perspective d’une véritable transformation de ce système dominant, avec une vision concrète des résultats à atteindre. Il mise sur le déploiement de nombreuses actions complémentaires, initiatives collectives et interventions publiques, pour une meilleure prise en compte des territoires. Les enjeux clés de ce changement sont avant tout la défense de la souveraineté alimentaire et le droit à une alimentation saine pour tous, la promotion de l’emploi agricole, ainsi que l’autosuffisance énergétique et la préservation des ressources naturelles. Comment ne pas y adhérer ?
Jean-Louis Vielajus
Délégué général du CFSI
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AU SOMMAIRE
Sécurité alimentaire l Insoutenable, le système agricole actuel ne pourr pas nourrir la planète en 2050. Des expériences alternatives essaiment dans le monde entier, mais les généraliser suppose de lever bien des obstacles. Nourrir le monde autrement
Agroécologie l La "révolution verte", lancée à coups d'engrais chimiques il y a cinquante ans pour éradiquer la faim, est à bout de souffle. Un changement de logiciel s'impose. Le Malawi doit changer de révolution verte
Démondialisation l Artisanales, industrielles ou associatives, les laiteries fleurissent dans un pays qui voit se développer rapidement sa production locale, et se réduire sa forte dépendance aux importations. Le Sénégal en pleine montée de lait
Circuits courts l Rapprocher les champs des assiettes et promouvoir des modèles durables, c'est aussi un enjeu pour les pays du Nord. Des collectivités territoriales se lancent dans l'aventure. Les villes ont la clé des champs
Entretien l Pour l'agronome Marc Dufumier, les obstacles au développement de l'agroécologie sont moins techniques et économiques que politiques et idéologiques. L'agroécologie passe par une volonté politique.
Télécharger le n°327bis d’Alternatives économiques – septembre 2013 [2.07Mo.pdf]