Au Sénégal : protéger la forêt et en vivre
Au Sénégal, les populations rurales sont les plus touchées par la pauvreté et la malnutrition. A l’Est, dans la région de Tambacounda, les habitants de la réserve naturelle communautaire du Boundou n’échappent pas à cette situation.
De longues périodes de sécheresse, lourdes de conséquences sur l’agriculture et l’élevage, sont à l’origine de leurs difficultés. Pour s’en sortir, ils n’ont pas d’autre solution que de se tourner vers les nombreuses ressources qu’offre la forêt : bois (utilisé pour l’artisanat ou comme source d’énergie), fruits, racines, gommes, écorces. Cette surexploitation menace aujourd’hui l’environnement.
Mais comment arrêter le braconnage alors que les besoins alimentaires de la population ne sont pas satisfaits ? Comment arrêter les coupes d’arbres alors que le bétail manque de fourrage en saison sèche ? Comment lutter contre les feux de brousse alors que tous les paysans utilisent le feu pour l’agriculture et la récolte du miel ?
Face à cette situation, des organisations locales ont décidé de s’attaquer à la fois à la réduction de la pauvreté et à la préservation des ressources naturelles. Le GRDR, association membre du CFSI, les accompagne dans cette démarche. L’objectif du projet est de créer de nouvelles activités rémunératrices à partir des produits forestiers, tout en protégeant l’environnement. Les produits valorisés devraient également permettre un meilleur approvisionnement des marchés urbains (Tambacounda, Kaolack, Dakar). Quatre filières prioritaires sont ciblées : les productions de « jus de bouye » (pain de singe, fruit du baobab) et de jujube, l’élevage avicole (pintades semi-domestiques) et l’apiculture (miel biologique).
Le premier volet de cette action vise à promouvoir la préservation de l’environnement auprès des populations. Par le biais d’émissions radiophoniques, de spectacles, de formations, petits et grands sont progressivement sensibilisés à la nécessité de connaître et protéger la nature.
Dans le même temps, les producteurs de la réserve apprennent à mieux gérer leurs activités. Ils reçoivent des formations sur le comportement et le cycle de vie des espèces, sur la conservation et la transformation des produits et sur les techniques de gestion et de vente. Des bourses sont allouées pour installer et entretenir de nouveaux équipements (notamment de production d’énergie solaire). Deux micro-entreprises rurales sont créées.
Enfin, la qualité des produits est mise en avant par le développement du label « Réserve Naturelle Communautaire ». La promotion du label est assurée sur les points de vente en ville. Les produits deviennent désormais plus accessibles et attractifs pour les familles urbaines.
Ce projet touche directement 125 familles vivant dans la réserve et indirectement près de 5 000 ménages urbains et ruraux. Les femmes, organisées en groupements, sont particulièrement soutenues. Jusque là, elles ne tiraient que de maigres revenus de leur travail, exploitées par de trop nombreux intermédiaires (les « bana-banas ») qui se chargeaient d’écouler leur production sur les marchés urbains. Aujourd’hui, elles ne bradent plus leurs produits « bruts ». Ainsi, des villageoises fabriquent maintenant des galettes de jujube qui peuvent leur rapporter jusqu’à 55 € par mois, soit la moitié du salaire moyen au Sénégal.
Ce projet fait partie des initiatives soutenues dans le cadre du programme « Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest » porté par la Fondation de France et le CFSI. Il est également soutenu par la Fondation Ensemble. En 2012, le CFSI a attribué 25 000 € pour mener à bien cette action. Votre soutien est indispensable !