Ilona Gordien, stagiaire pour le CFSI d’avril à septembre 2022, nous raconte son expérience de 3 mois dans le nord du Togo auprès de la Coordination togolaise des organisations paysannes et des organisations de producteurs (CTOP). Son témoignage fait l’objet d’une série d’articles à découvrir dans les numéros de la lettre d’information du CFSI et est l’occasion de parler des projets soutenus par le CFSI en faveur du développement des cantines scolaires en Afrique de l’Ouest. Lire l’épisode 1 ici. et l’épisode 2 ici.
Nous continuons notre route en direction du village de Katchamba pour y rencontrer des producteurs de riz. Une odeur douce et intense parfume l’air. Nous nous approchons des rizières de Mill Bawa, président de la Fédération nationale des producteurs de riz au Togo. J’aurais la chance d’être accueillie chez lui, avec sa femme, pendant mes deux semaines à Guérin-Kouka.
Auprès des coopératives de producteurs de riz rencontrées, la même problématique revient : la mévente de leur riz sur le marché local. Les producteurs se retrouvent obligés de brader leur riz aux nigérians, ces derniers imposant des prix dérisoires. Démotivés face à un tel marché, la production décline et les paysans laissent sécher le riz sur pied. Sec et cassant, la transformation le brise. Les consommateurs n’en veulent pas. Ainsi, les producteurs souhaitent un marché garanti, sûr, durable, qui les inciterait à mieux produire. Leur intérêt serait également de vendre le riz décortiqué, blanc, et non plus paddy c’est-à-dire à l’état brut, car moins cher à l’achat.
Un contrat entre les cantines scolaires et les producteurs de riz de la préfecture de Dankpen aurait un impact sur toute l’économie locale : des paysans qui vendraient leur production, aux élèves qui consommeraient un riz local, en passant par les transformateurs de la zone qui profiteraient d’une hausse d’activité.
La mission d’Ilona était de réaliser une étude afin de favoriser la sécurisation des stocks en matière première des mamans cantines en les incitant à contractualiser avec les producteurs de riz de la région, plutôt que de faire appel à des aliments importés. Ainsi la production annuelle de riz dans la préfecture de Dankpen est évaluée à un peu moins de 2 400 tonnes. Grâce à ses données et entretiens récoltés sur le terrain, plusieurs modèles de financement et de possibilités de contractualisation sont désormais à l’étude. Dans l’épisode 4, Ilona nous fera voyager en partageant son expérience de coutumes locales avant son retour à Paris.
crédits photos : Ilona Gordien